M

U.F.R Arts et Sciences Humaines

Département de musique et de musicologie

Novembre 2006

                                                                                                                                         

 

 

Introduction à l’analyse de la Pop Music

Atelier de Philip Tagg

Novembre 2006

 

*       

 

Analyse

de

 

Morts les enfants

 

Paroles : Renaud Séchan

Musique : Frank Langolff

 

 

 

 

Par

Marie Cheignon

Wilfrid Toussain


Présentation

 

             Morts les enfants  a été écrit en 1985 par Renaud Séchan (paroles) et par Frank Langolff (musique). Celle-ci est interprétée par Renaud, chanteur de variété française dont la carrière a débuté dans les années 70 et qui est réputé pour le caractère engagé et désabusé de ses textes. La chanson que nous allons analyser s’inscrit dans ce style : sur une musique à 3 temps accompagnée notamment d’un accordéon, l’auteur expose différentes catastrophes qui se sont produites durant ces dernières décennies, dont les premières victimes sont souvent les enfants.

 

Avant une analyse plus détaillée, voici la présentation générale de la musique de « morts les enfants » :

-          la tonalité principale est Do dièse mineur

-          L’indication de mesure est 3/4

-          Le tempo allant, de valse

-          La nomenclature : accordéon, guitare, violons, orgue de barbarie, basse, batterie et la voix du chanteur, dans un registre de ténor

 

            Dans la première partie, l’exposition de la structure générale, des paroles et de la grille harmonique permettra une approche concrète de l’objet d’étude. Nous ferons ressortir les éléments principaux, afin de montrer la forme de la pièce, le style d’écriture, puis d’expliquer  les concepts et les différents jeux musicaux que nous retrouvons tout au long du morceau. Dans le but d’en facilité la lecture et montrer l’architecture, nous proposons une partition graphique schématisée, réalisée à partir de motif et de code de couleur qui seront détaillés dans la légende.

 

            La seconde partie de l’analyse consistera à mettre en relief des motifs musicaux appelés musèmes, auxquels nous tenterons de donner une signification culturelle ou cognitive, notamment par la comparaison avec d’autres musiques contenant ces musèmes. La particularité mélodique et rythmique de ces motifs sera basée sur une étude sémiologique de la musique. Nous présenterons sous forme de tableau récapitulatif, premièrement les motifs mélodique, harmonique et rythmique qui sont exposés dans Morts les enfants, puis secondement nous cataloguerons les différents musèmes. Ces motifs seront ensuite expliqués et détaillés, dans le but de comprendre pourquoi cela provoque tels ou tels effets sur l’auditeur.

 

            Une synthèse des caractéristiques musicales relevées dans la deuxième partie sera effectuée, afin de mettre en évidence les éventuelles métaphores et les liens étroits de la musique et du texte. Celle-ci précédera un bref rappel des événements cités dans le textes, afin d’en éclaircir le contexte et de montrer la gravité du sujet évoqué.

 

 


Paroles et Harmonie

 


Intro : C#m/D#7/G#7/C#m

 

Couplet 1 :

 

C#m                            D#7

Chiffon imbibé d'essence,

G#7                                  C#m
Un enfant meurt en silence

A                                 F#m6
Sur le trottoir de Bogotá

G#7
On ne s'arrête pas


Déchiqu'tés aux champs de mines,
Décimés aux premières lignes
Morts les enfants de la guerre
Pour les idées de leur père

Refrain :

 

E                        A
Bal à l'ambassade,

B                               E
Quelques vieux malades

C#m                           F#m6
Imbéciles et grabataires

A               G#7
Se partagent l'univers

Morts les enfants de Bhopal,
Industrie occidentale
Parti dans les eaux du Gange,
Des avocats s'arrangent
Morts les enfants de la haine
Près de nous où plus lointaine
Morts les enfants de la peur
Chevrotine dans le cœur

Bal à l'ambassade,
Quelques vieux malades
Imbéciles et militaires
Se partagent l'univers

Morts les enfants du Sahel,
On accuse le soleil
Morts les enfants de Seveso,
Morts les arbres, les oiseaux
Morts les enfants de la route,
Dernier week-end du mois d'août
Papa picolait sans doute
Deux ou trois verres, quelques gouttes

Bal à l'ambassade,
Quelques vieux malades
Imbéciles les tortionnaires
Se partagent l'univers

Interlude : C#m/D#7/G#7/C#m


Mort l'enfant qui vivait en moi,
Qui voyait en ce monde-là
Un jardin, une rivière
Et des hommes plutôt frères
Le jardin est une jungle,
Les hommes sont devenus dingues
La rivière charrie les larmes,
Un jour l'enfant prend une arme

Bal sur l'ambassade,
Attentat grenade
Hécatombe au ministère
Sur les gravats, les grabataires

 

Coda : C#m/D#7/G#7/C#m

C#add9


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Harmonie - Partition Graphique – Structure

 

 

Text Box: Do# minText Box: Mi MajText Box: Do# minText Box: Mi MajText Box: Do# minText Box: Mi MajText Box: Do# minText Box: Mi MajText Box: Do# min

                                             


Tableau des motifs

 

                                                                 

 

 

 

 

Paramètre d’expression tonal

 

            Morts les enfants est écrit en Do #mineur, avec une courte modulation en Mib Majeur dans le refrain et des emprunts à Sol # mineur au début de chaque motif mélodique. Son harmonie est construite sur une grille de quatre accords C#m – D#7 – G#7 – C#m, dont le fondamental est mis en relief par la basse. La structure comprend 4 parties identiques (Couplet – Refrain) qui sont enrichis par des passages instrumentaux : au début du morceaux, où le thème est exposé à l’accordéon une première fois, entre la troisième et la quatrième partie, où celui-ci est repris aux cordes puis échangé entre l’accordéon et l’orgue de barbarie et en fin de , où il se retrouve dans la partie sifflée et aux cordes.

            L’instrumentation quelque peu originale, offre une richesse de timbres, qui contrastent entre eux, de par leurs sonorités propres, mais également  par l’identité et le contexte auxquels ils renvoient. Les instruments jouent donc un rôle différent et de plus, ils participent à l’architecture du morceau : les timbales et les cordes n’interviennent que pendant le refrain.

            La pièce est écrite sur quatre modes de jeux différents : Premièrement, les motifs mélodiques, qui amènent du lyrisme et du legato au morceau. Ces thèmes sont principalement exposés à l’accordéon, à la voix, aux cordes. Deuxièmement, le jeu harmonique, avec les accords plaqués par l’orgue de barbarie qui marquent les 2 et 3 temps et le remplissage aux cordes qui jouent en tierces parallèles. Ceux-ci sont enrichis par le troisième jeu, celui en arpège de la guitare, qui délie le tout. Puis dernièrement, les jeux d’accentuation, avec la basse qui pose les temps forts, les roulements de timbales du refrain qui accentuent le côté dramatique et les cymbales qui ponctuent chaque fin de leurs phrases.


 


 


Tableau des musemes

 

Musème 1 : « l’interpellation »

 

Interpellation 1

 

 

Interpellation 2

 

 

Interpellation 3

Musème 2 : le « parlé-chanté »         

 

Parlé-Chanté Vocal 1         

 

Parlé-Chanté Vocal 2

 

 

Parle-chanté Instrumental 1

Parlé-chanté Instrumental 2

Musème 3 : « exténuation »

 

Appogiature  vocale 1

 

 

 

Appogiature vocale 2

 

 

 

Appogiature vocale 3

 

Musème 4 : « Malaise »

 

Chromatisme Instrumental

 

Chromatisme Instrumental 2

 

Chromatisme Vocal

 

 

Musème 5 : « la plainte »

 

Plainte instrumentale 1

 

 

Musème 6 : « la désignation »

 

Musème 7 : « la tempête »

 

 


Les Musemes

            -La voix-

 

            Tout au long du morceau le chant est posé de façon syllabique. Aucun mélisme n’ornemente la ligne mélodique, les paroles sont mises en valeur et facilement intelligibles. Le chant épuré de toutes fioritures est revendicateur et peut transmettre aisément son message.

Cette écriture vient renforcer le sens du texte et son caractère décharné, le thème de la mort et le sentiment exaspéré et désillusionné du chanteur est appuyé par cette simplicité et l’ambiance étroite et stagnante de la mélodie, dont l’ambitus est généralement restreint (excepté dans le refrain) qui ne dépasse pas l’octave.

 

 

            Le couplet est construit sur deux phrases mélodiques et harmoniques. Premièrement, le chant est structuré à partir d’un antécédent et d’un conséquent, il est soutenu par l’harmonie qui apporte une alternance entre détente- tension- détente suivant le schéma I – II – V – I degrés.

 

Mus. 2 « « l’exténuation »

  1) 2)  3)

 

Le chant étant principalement monodique, les paroles sont récitées sur une corde qui descend en fin de phrase sur la seconde majeure inférieure. La descente est renforcée par un effet de glissando. Celle-ci est amenée par une appogiature qui vient intensifier et appuyer la fin de chaque phrase. Procédé que nous retrouvons dans de nombreuses œuvres. Nous citons au passage :

 

Comme d’habitude de J. Revaux et G. Thibaut (1967)       

 

 

 

 

Charles Aznavour Comme ils disent (1973)

Mozart Fantaisie en ré mineur K.V.397

 

Quant au passage monodique cela n’est pas sans rappeler le style chanté-parlé des récitatifs que nous retrouvons dans la musique d’opéra, les cantates dont la fonction est de faire évoluer l’intrigue et de déclamer le texte. Ce style est utilisé également dans de nombreuse musique populaire, où le rythme a une place prépondérante, (rap, reggae...)

 

Mus. 1 « l’interpellation »

 

1)     2)              3)

 

Cette monotonie est rompue par le rythme saccadé au début de chaque phrase, dont la dynamique interpelle l’auditeur et accentue le caractère revendicateur de la chanson.

Ce procédé se retrouve dans de nombreuses musiques engagées, rock, rap, provocant un côté agressif évoquant la lutte et combat, à l’instar de :

 

Fela Kuti, Government Chicken Boy

 

Michael Jackson They dont care about us


Guns n’roses You could by mine

 

            L’antécédent et le conséquent sont donc construits sur trois musèmes : le rythme saccadé – la récitation monodique – l’appogiature en fin de phrase, dont les valeurs complémentaires construisent un discours logique et organisé : Interpellation – Parlé- chanté (explication) – Exténuation (abandon). Ces trois musèmes sont renforcés par le timbre rauque, peu intense et  abîmé du chanteur.

            La mélancolie et la lassitude sont marquées par la descente immuable de la mélodie chantée et qui sont renforcées à chaque fin de phrase par l’appogiature. De plus, nous retrouvons dans la partie chantée le chromatisme descendant [notes rouges] de l’orgue de barbarie, qui accentue l’ambiance sombre.

 

Mus. 6 « la désignation »

 

            Le refrain contraste avec les couplets. Tout d’abord il commence en Majeur, dans la tonalité de mi, le relatif, puis revient en do# mineur. La ligne du chant, plus « lyrique » que dans le couplet, est élargie par un saut de 4te Juste ascendante. Cet intervalle enrichit la ligne mélodique et lui dessine un contour plus ample. Elle transmet un mouvement d’élancement et de balancement qui met en relief les mots Vieux et Attentat. Ceux-ci peuvent être mis en relation avec les mots Ambassade, Grabataire, Militaire, Tortionnaire et Ministère qui sont accentués par un léger mouvement ascendant de seconde majeure. Cela conditionne un système de « bornes auditives » qui apportent à l’auditeur des rappels mnémotechniques, lui induisant un champ lexical à connotation négative provoquée par ce système de correspondance sonore. 

 

            -Les cordes-

 

            Le contraste entre la ligne du chant au couplet et au refrain est soutenu par l’arrivée des cordes ou 2ème – 3 ème - 4 ème  refrain. Celles-ci entraînent un changement de couleur de par leur timbre feutré. Les violons sont  ici un indicateur de style. Leurs jeux assez classique (tierces parallèles, réexposition du thème, sonorités rondes) rappel le genre symphonique et les valses viennoises qui peignent un décor de château et remémore les grands bals qui avaient (ont) lieu dans les milieux aisés. Le beau Danube Bleu, La valse de l’empereur. Cela correspond avec le sens des paroles Bal à l’ambassade.

            Le refrain fait ressortir à la fois un monde plutôt mondain par les procédés musicaux de l’accompagnement que nous venons de décrire et à la fois une critique par le chant, le texte contestataire qui pointe du doigt ce milieu, cette politique.

 

            - Les timbales -

 

Mus 7 « la tempête »    

            Les timbales n’interviennent qu’au passage du refrain. Elles se font entendre trois fois au cours de celui-ci et par un jeu de roulement. Leur fonction de marqueur périodique et d’annonce dramatique est ici très important. En effet pendant que les cordes décrivent un « univers doré » le roulement des timbales évoque en même temps une scène de tempête. Elément dramaturgique qui se retrouve notamment dans de nombreux opéras.

 

Fernand Cortes de Spontini – Acte 3 - Scène 6

 

 


 

La Vestale de Spontini Acte 3 – Scène 6

L’effet dramatique de la scène de tempête est accentué par le fracas des cymbales qui ponctue la fin du roulement. Confère L’apprenti Sorcier de Dukas, Gladiateur, La danse macabre de Saint-Saëns

 

 

 

 

Mus. 4 « le malaise »

 

            L'orgue de barbarie a un rôle d'accompagnateur.  Il s'inscrit dans le rythme de valse, la basse étant entendue sur le premier temps, et l'harmonie sur le deuxième et troisième temps.

 

Dans ce musème, on peut distinguer deux éléments significatifs, renvoyant chacun à une perspective culturelle manifeste.

 

Le premier est directement lié au timbre de l'orgue de barbarie affecté au rythme de valse et à la configuration structurelle décrite ci-dessus. Celle-ci évoque la fête foraine, le cirque, le manège (par le côté cyclique de la structure basse / accord / accord), et par voie de conséquence, les enfants, ou, tout du moins, l'enfance.

 

Le second est lié à l'harmonie opérée. On voit, en rouge, apparaître un chromatisme descendant. Ce chromatisme est une figure qui peut, dans le cadre d'une tonalité mineure comme ici, suggérer l'angoisse, la peur, ou, en tout cas, il a pour effet une certaine puissance dramatique. Cette figure musicale est notamment utilisée dans la musique de film d'horreur ou des films fantastiques, peuplés de sorcières et de créatures magiques. Les exemples ci-dessous, contenant ce procédé, semblent significatifs. Il s'agit d'extraits de la musique du film Halloween, du film Harry Potter et de la Danse macabre de Camille Saint-Saens, oeuvre au titre évocateur.

 


Musique du film Halloween de John Carpenter, chromatisme descendant à la basse : 

 


 

 

 

Musique du film Harry Potter, chromatisme descendant à la deuxième mesure :


 

Danse macabre, de Camille Saint-Saens, chromatisme descendant des mesures 50 à 53 :

 

 



On connaît, dans la musique savante occidentale, d'autres exemples aux titres moins éloquents, mais dont le caractère général ne laisse planer aucun doute sur l'utilité du chromatisme descendant. En voici deux, dont le chromatisme apparaît en rouge :

 

Chopin, valse n°7 en do#  mineur :


 

Rachmaninoff, Prélude en do# mineur :

 


 

 

Ce musème connote donc à la fois l'esprit de la fête foraine (incluant le manège et l'enfance) et une atmosphère sombre. Un exemple réunissant ces deux éléments, et donc comparable en tout point à ce musème, est le thème exécuté à l'orgue de barbarie dans le film La cité des enfants perdus. Le personnage incarné par Jean-Claude Dreyfus, ancien professionnel du cirque, assis dans la pénombre près d'un canal aux eaux fumantes, interprète la mélodie suivante pendant que s'opère sous ses yeux une série d'assassinats :


 



 

Les mélodies jouées par l'accordéon sont tantôt au premier plan (comme dans l'introduction), tantôt en contre-chant (pendant le refrain). Dans les deux cas, la musique renvoie à des significations particulières. Voici, par exemple, deux éléments probants :

 

L'accordéon est un instrument aisément classable dans les synecdotes de genre : son timbre, associé au rythme de valse, implique automatiquement l'idée de musette, de bal populaire, et de la France d'entre deux guerres. Il faut dire que parmi les morceaux les plus populaires de cette époque, nombreux sont ceux dont le rythme est à trois temps, et dont l'accordéon fait parti intégrante de l'arrangement. Ces mêmes morceaux sont pour la plupart souvent repris à l'accordéon seul. On pense entre autre à Mon amant de Saint-Jean, La java bleu, La romance de Paris, ou encore La valse brune.

 

Mus. 5 « la plainte »

 

L'intervalle de sixte mineure, indiqué par un trait rouge dans le musème, est souvent utilisé dans les musiques tintées d'un climat nostalgique et triste. Ici, deux exemples : Manha do carnaval et Love story qui sont des morceaux qui entrent parfaitement dans cette catégorie.

 


Manha do carnaval :

 

 


Love story Francis Lai (1970):

 


 


 

 


La guitare double l'orgue de barbarie, et comme lui, a donc un rôle d'accompagnement, s'inscrivant elle aussi dans le rythme de valse selon la même structure (basse/accord/accord).

 

Outre l'idée que la guitare est souvent associée à l'accompagnement des chansons, par son côté pratique (instrument polyphonique léger et transportable) mais aussi parce qu'elle est souvent rattachée à l'image du vagabond allant déclamer ses chansons de village en village, son timbre (ici acoustique) implique plusieurs connotations : mélangé avec celui des violons, il peut évoquer le timbre d'un clavecin, et par là même, renforce l'image châtelaine du refrain, mais surtout, le son acoustique de la guitare implique une atmosphère intimiste propice à la bonne déclamation des paroles. Les concerts unplugged qui ont fleuri dans les années 90 soulignent presque toujours l'atmosphère intimiste par l'apport de la guitare acoustique.

 

La basse marque toujours le premier temps de la mesure (le temps fort). De plus, il s'agit toujours de la note fondamentale de l'accord (il n'y a donc pas d'accords renversés). Ces deux procédés réunis impliquent une certaine lourdeur et met donc en relief le ressort dramatique opéré par les instruments au dessus d'elle.

 

Il faut rendre compte de certains éléments esthétiques prépondérants du morceau que nous n'avons pas transcrit et extrait sous forme de musèmes. Ces éléments sont au nombre de 3 :

 

A la reprise du couplet, une mesure supplémentaire vient s'insérer avant le refrain, supposant un couplet à 9 mesures au lieu de 8. Ce chiffre impaire, peu courant dans les carrures de musique de variété implique chez l'auditeur un malaise, du fait de la « bancalité » de la musique. 

 

A la fin, le chanteur reprend le thème du refrain en sifflant. Cette technique permet de faire retenir de façon prégnante  une mélodie à l'auditeur. On la trouve par exemple dans les chanson La pluie de Jean-Jacques Goldman, Smile de Michael Jackson ou encore Tomber d'en haut de Jacques Higelin.

 

Le dernier accord, « C# add9 », se compose des notes suivantes : Do#, Sol#, Ré#. Il s'agit donc d'un accord de Do# sans tierce. L'absence de tierce implique que cette accord à une sonorité ouverte et donc pas tout à fait conclusive. Cela implique également l'idée d'un son désincarné, sans corps, qui colle parfaitement à l'atmosphère sombre de la chanson, et au caractère désabusé du texte.

 

 

 

Le contexte sociopolitique

 

            En décembre 1984, plus de 27 tonnes de gazes mortels fuirent d’un réservoir de stockage  se propageant au le coeur de la ville de Bhopal, qui tua près de 8.000 personnes.
Depuis lors, les plus de 20.000 décès ont été attribuées au désastre.

Les survivants et leurs enfants continuent à souffrir. Différents troubles de la santé ont été constaté : des cancers, la tuberculose, des malformations à la naissance et des fièvres chroniques touchent la population. Les études multiples ont trouvé du mercure, du nickel et d'autres toxines dans les eaux souterraines locales et un niveau dangereux de toxine dans le lait des seins des femmes qui vivent près de la zone d'usine.

 

                                     

 

     Bhopal 1984                             Sahel                                        Seveso 1976

 

La catastrophe de Seveso en 1976 , dut à l’explosion d’un réacteur chimique de l’usine IGMERA, industrie pharmaceutique. La température s'élèva en effet jusqu’à 220° provoquant la production de dioxine. Un nuage toxique de dioxine se répandit sur la ville provoquant la mort de nombreux animaux et l'apparition de lésions cutanées graves.  

Le Sahel est principalement recouvert par la steppe et la savane. Il reçoit 150 à 500 mm de précipitations par an, principalement pendant la mousson. Si les conditions climatiques sont particulièrement difficiles, la vie quotidienne et l’économie sont également soumises par  une politique  chaotique.

 

 


Conclusion

 

Dans la première partie nous avons effectué une présentation générale du morceaux, puis, dans la deuxième partie, une analyse détaillée par l'apport de musemes, puis enfin, la description du texte et ses liens avec la musique.

 

On retiendra plusieurs éléments :

         L'atmosphère sombre du morceau est opérée par un chromatisme descendant.

         La déclamation et la mise en relief du texte impliquée par le ton monocorde et le rythme de la mélodie du couplet, ainsi que le timbre intimiste de l'accompagnement à la guitare.

         Des éléments de nostalgie, avec l'apport de l'accordéon, rappelant le passé, et l'utilisation de l'intervalle de sixte mineur.

         Le caractère aigri et désabusé du morceau, mis en évidence notamment par le timbre de la voix du chanteur.

         Des éléments musicaux liés à l'image du château par l'utilisation des cordes et de la guitare qui peut, dans le refrain, être assimilée au son d'un clavecin, d'une part, et liés à l'image de la fête foraine par l'utilisation de l'orgue de barbarie d'autre part.

         Le rythme de valse provoque une anaphone Kinesthésique, quelque chose de cyclique, de tournant.

         Les constates entre le couplet et le refrain

 

Ces éléments rassemblés détermine la nature du morceau : une chanson engagée mais emprunte de désenchantement, et qui met en relief les paroles, pamphlet contre les grands dirigeants et constat amère sur la condition des enfants dans le monde.

 

 


Liste des références musicales

 

50 ans d’accordéon – 109 grand succès, EPM 2000

Aznavour Charles, Comme ils disent, 1973

Badalamenti Angelo, La cité des enfants perdus

Bonfa Louis, Manaha do carnaval

Chant de marins, Logouvy de la mer

Chopin Frédéric, Valse en do#m op.64 n°2

Disneyland Paris - Fantasyland - Le Carrousel De Lancelot Music Loop

Revaux, J. et G. Thibaut, Comme d’habitude [interprété par Claude François]

Grieg, La marche des nains de la suite lyrique

Guns n’roses, You could be mine

Jackson Michael, They dont care about us, 1995

Kuti Fela, Government Chicken Boy, Universal

Lai Francis, Love story

Mozart Wolfgang Amadeus, Fantaisie en ré mineur

Mozart Wolfgang Amadeus, Sonate en la mineur K. 310

Orgue de barbarie des frères Limonaire, La ronde des chevaux de bois

Carrara Emile, Mon amant de Saint Jean, 1945 [interprété par Edite Piaf]

Rachmaninov Sergei, Prélude en do#m op.3 n°2

Rodrigues Amália, Gaivota, Voix du Portugal, Actes Sud

Strauss Richard, Ainsi parlait Zarathoustra

Tchaïkovsky Piotr, Seul qui connaît la tristesse

Tiersen Yann, La valse d’amélie, 2001

Williams John, Harry Potter, 2001

Zimmer Hans, Gladiator, 2000